Depeche Mode - 80s, Mode d'Emploi (Best (231), 1987) | dmremix.pro

Depeche Mode 80s, Mode d'Emploi (Best (231), 1987)

demoderus

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80s, Mode d'Emploi
[Best, Octobre 1987. Texte: Gerard Bar-David. Photos: Jean-Yves Legras.]
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" Ces sept dernières années ont été géniales pour nous, mais beaucoup de gens en Angleterre et ailleurs se suviendront des 80’s pour le chômage et les files d’attente de l’ANPE. "
C'est un article étrange : il commence avec la prémisse que le DM personnifie les années 1980 et les traite comme les gourous sur toutes les choses raccordées avec cette décade. C'est une proposition risquée et l'article pourrait facilement avoir été shambolic. Mais au lieu de cela l'auteur s'est grandement rendu compte la signification de DM où beaucoup d'autres personnes n'ont pas fait. En avance de son temps à beaucoup d'années.
80'S, MODE D'EMPLOI


Le meilleur autoportrait de Depeche Mode? Leurs reponses sur les années quatre-vingt. Ils en sont bien le groupe parfait.

Saut de puce au-dessus de l’océan depuis Copenhague, le 727 de la SAS, après trente minutes d’un vol arrosé à l’aquavit, amorce sa descent sur Arhus Airport. Comme une jungle imaginaire de gazon anglais, en bas, tout en bas, la campagne danoise s’étend à perte de vue. En sortant du terminal, je me surprend à penser: «Comme les vaches devaient être sexy!»

Qu’est-ce qui pouvait attirer les flamboyants Depeche Mode dans un endroit pareil? Enregistré au studio Guillaume Tell à Suresnes et au Konk de Londres, le Depeche neuf achevait son mixage au cœur de ce pays danois désurbanisé. Une heure de route en direction de Randers puis quelques kilomètres jusqu’à Gjerlev sur un chemin à travers champs, le studio PUK étincelle sous le pâle soleil nordique. Bois vernis et baies vitrées au milieu du néant, le studio des Mode ressemble à une base avancée plantée sur une planète en voie de colonisation. Paumé mais esthétique, le lieu studieux vibre des accords en rock-foction-d’une des formations les plus étonnantes de le décennie.

Obsédés du sampling aventureux, énergie à fleur de peau vive comme la fibre optique, sans manager et dans la jouissance de l’indépendance, Dave Gahan, Andy Fletcher, Martin Gore et Alan Wilder incarnent en Depeche Mode tout le vertige des années 80.

Parquet miroir, image en panavision de la console Solid State Logic, acoustique spatiale et plantes vertes, David Bascombe l’ingénieur est aux commandes. Dans des fauteuils de cuir noir les quatre de Basildon ont les oreilles tendues. Les méga-HP du control room balancent les séquences inédites du nouvel album. A travers les baies vitrées, les champs à perte de vue donnent un côté irréel à la scène.

Poignées de mains, sourires – je n’avais pas revu le groupe depuis leur concert à Annecy l’an passé sous des trombes d’eau – et Bascombe nous fait basculer dans la mélancolie des rafales de synthés du maxi «Never Let Me Down Again». Speed, tendresse, profondeur, harmonie, pulsé comme un cœur géant, le titre à des accents dramatiques qui ne peuvent laisser indifférent. Choc pour tripes et tympans, «Never Let Me Down Again» a toute la détermination d’un hit comme «Stripped». Toblerone, cigarettes et bières sur la table basse en bois brut, dans ce décor design suédois, les Depeche tracent la genèse de leur nouveau disque: «Music For The Masses».

Les dix titres qui le composent ont été écrits par Martin dans sa baraque de Londres entre l’été 86 et le nouvel an. Aprés écoute, tout le monde s’est retrouvé dans le studio 16 pistes d’Alan pour programmer toutes les plages. Durant tout le mois de janvier s’opère le gros œuvre, le croquis sonore, la trame sur laquelle seront bâties les chansons. Le groupe s’envole ensuite pour Paris où le premier single «Strangelove» et la plupart des morceaux sont enregistrés. Après six semaines de Guillaume Tell, les Mode s’offrent quelques vacances. Globe trotters et bronzés, nos quatre jeunes gens se retrouvent au studio Konk de Londres pour faire de nouveaux titres. Enfin, dernière étape et immensité des plaines danoises pour le mixage.

Mais que diable sont-ils venus faire dans cette galère scandinave? «C’est un des meilleurs studios du monde», réplique Fletch, «et ça nous changeait de Hansa à Berlin où l’on travaillait depuis quelques années. On a un tas de copains là-bas, mais on s’est dit qu’il était temps de changer d’air. Si tu vas au même endroit tout les jours, tu deviens fonctionnaire et c’est terrible. Ici c’est tellement paumé qu’il n’y a pas d’autre choix que bosser. La preuve, il ne reste plus que deux titres à mixer.»

Clin d’œil à la dernière tournée-plus de 500.000 entrées-le titre «Music For The Masses», comme la faucille de «A Broken Frame», le marteau de «Construction Time Again» et les symboles industriels des deux albums précédents, reflète les tendances socialisantes du groupe. [1]

Années 80, années Depeche Mode, les petits gars du Sussex ont trouvé le beat à succès qui résume la tendance de la décennie. [2] Archétype des 80’s, chacun des quatre Modes reflète aussi les influences du groupe. Un à un, ils ont accepté de se livrer au jeu de l’interview sur le thème des années Depeche Mode.
 

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demoderus

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Mode 1: Dave Gahan

Dave Gahan: Je crois qu’on est effectivement un groupe des 80’s. Nous avons démarré en 80 et en 87 nous existons toujours. Je parie que nous passerons même le cap des 90’s. Si nous avons survécu c’est que notre musique a su progresser. Si tu écoutes successivement les albums de Depeche, l’évolution est très nette. Je ne sais pas si beaucoup de groupes évoluent de manière aussi radicale. En général lorsqu’ils trouvent une formule qui marche, ils s’y accrochent. Nous, au contraire, nous cherchons sans cesse de nouveaux terrains à expérimenter; il n’y a pas d’autre moyen d’éviter l’ennui.

Je crois aussi que Martin a le rare talent d’écrire des chansons qui résistent à l’érosion du temps. Des trucs comme «Everything Counts» et «People Are People» dureront à jamais. Je parie même que dans dix ans des groupes feront des reprises de ces chansons: c’est une musique qui te pousse en avant. [3] Nos chansons ont toujours une atmosphère; triste ou optimiste, elle est bourrée de substance. Le nouveau simple, «Never Let Me Down Again» me donne vraiment la chair de poule. Toutes nos chansons ne me font pas cet effet-là, mais celle-ci est sauvage. J’aime cette sorte de tension.

- Ça c’est vraiment un truc des 80’s! Le goût de la tension, c’est l’apport punk…

D.G.: Pour moi c’est essentiel. J’ai besoin de cette tension à la frontière de l’explosion. J’ai besoin de savoir que tout peut arriver.

- Au cours des 80’s, la technologie dans les studios et dans votre vie de tous les jours a sacrément évolué. Qu’est-ce qui t’as le plus marqué?

D.G.: Avant tout, l’implication électronique qui touche à peu près tous les groupes. Il y a bien peu d’albums aujourd’hui sans Fairlight, Synclavier ou Emulator. Le problème c’est que la plupart de ces groupes ne savent pas les utiliser. Ils usent et abusent des sons pré-programmés offerts en prime avec la machine au lieu de créer et d’inventer leurs propres sons. Pour nous c’est vraiment un jeu de dénicher les sons les plus inattendus. La seule règle, c’est qu’ils ne soient jamais passés sur un disque auparavant.

Dans le genre phénomènes essentiels des 80’s, il y a la VHSmania et la CDmania. Un groupe comme Depeche est aussi accro à la technologie, c’est aussi ce qui nous distingue des groupes des 60’s où tu grattais ta guitar et basta. Aujourd’hui le choix des sons est vertigineux. Parfois nous passons des jours entiers pour créer LE son qu’on cherche. On utilise tant d’instruments différents. Les gens disent que Depeche Mode est un groupe électronique, c’est faux. On utilise n’importe quoi, de la guitare acoustique aux percus en passant par les robots les plus sophistiqués. Tout ce que nous refusons ce sont les limites et je ne crois pas qu’il existe au monde un seul groupe qui fonctionne comme nous.

- Et les fringues des 80’s?

D.G.: Les premiers groupes que j’ai écoutés étaient punk: les Damned, Siouxsie, etc. et je m’habillais comme eux. C’était une époque géniale, irradiée d’énergie. Je détestais l’école. Tout ce qui m’intéressait, c’était de sortir tous les soirs pour voir un concert. J’avais quinze ans et je refusais l’école parce qu’on cherchait à m’y dicter une conduite pour pouvoir mieux m’enterrer dans un job machinal, stupide et mortel. J’ai tout plaqué pour m’échapper à Londres. Mais le punk a fini par m’ennuyer parce que tout le monde se ressemblait; mêmes fringues, mêmes coupes de cheveux, ça devenait la norme, c’était pénible.

- Alors quel est le look idéal des 80’s?

D.G.: Hum… dur à déterminer. Moi j’ai toujours craqué sur les fringues; même lorsque j’étais fauché je claquais déjà tout dans les chiffons. Aujourd’hui je vais à South Molton Street et je fais des razzias de Gaultier et de «Comme des Garçons». Le look des 80’s c’est aussi le cuir et j’en porte souvent.

- Sans manager ni contrat et à la majorité des voix. Se prendre complètement en charge, c’est aussi un truc des 80’s.

D.G.: C’est vrai, nois avons appris seuls, en nous prenant en charge et sans jamais signer de contrat avec une maison de disques; je crois que c’est assez unique pour un groupe de la taille de Depeche Mode. Mais nous avons bossé dur pour en arriver là et nous allons continuer. En fait, je crois que nous aimons bosser. Moi j’ai vingt-cinq ans et je n’ai plus de problème de blé, mais surtout j’aime avec passion ce que nous faisons, même si parfois c’est dur mentalement et physiquement.

- Si tu avais été chanteur d’un groupe voilà dix ans, les choses auraient-elles été différentes pour toi?

D.G.: Si j’avais été un chanteur des sixties, j’aurais aimé que ce soit avec les Stones. Moi je me sens teigneux comme Jagger ou Richard à l’époque.

Mode 2: Andy Fletcher

- Dans le nouvel album, le mot «masses» a une coloration socialiste. C’est un truc des 80’s?

Andy Fletcher: C’est plus un clin d’œil qu’une position politique surtout face aux Anglais qui nous reprochent toujours de ne pas faire une musique assez commerciale pour pouvoir passer à la radio. Musique pour tous en théorie, car l’album sera encore rejeté par une foule de gens. En fait, ça ne me déplait pas qu’on fasse une musique qui puisse choquer les gens. Pourtant nous ne sommes pas vraiment des allumés genre Sex Pistols. Nous n’avons rien contre le rock basse / guitare / batterie mais nous voulons tenter quelque chose de différent.

Ces sept dernières années ont été géniales pour nous, mais beaucoup de gens en Angleterre et ailleurs se suviendront des 80’s pour le chômage et les files d’attente de l’ANPE.

- Les années 80 sont aussi les années Thatcher.

A.F.: Thatcher a eu beaucoup de chance: à cause de la baisse du pétrole brut et de la chute du dollar, les économies occidentales se sont remises à tourner. Objectivement, l’économie britannique est en bien meilleur état, mais si la gauche avait gagné, elles aurait obtenu les mêmes résultats et au moins les allocations chômage seraient plus élevées.

- La gauche british des 80’s ne manque-t-elle pas sacrément de leader?

A.F.: Il y a Kinnock et il assure, je crois. Mais notre système électoral à un tour est assez vicieux pour se jouer de la majorité. Chez moi, à Basildon, les Tories ont eu 20.000 voix, le Labour 18.000 et l’Alliance Libérale a fait 12.000. La droite avec ses 20.000 voix a raflé le siège, même si 30.000 citoyens ont voté contre elle. C’est dégueulasse. Projeté à l’échelle de la nation, c’est encore plus révoltant. Avec 6 millions de votants, les libéraux ont remporté 20 sièges au Parlement. Avec 13 millions de voix, la droit majoritaire pèse 400 sièges. Mais la politique n’est pas si importante et cinq ans ça passe très vite.

- A l’étranger, y-a-t-il un personnage qui incarne pour toi les 80’s?

A.F.: Poir moi c’est Reagan; il est si drôle et dérisoire. Gorbatchev est aussi un personnage essentiel avec son glasnost (politique d’ouverture).

- Et c’est une déclaration de quelqu’un qui n’hésite pas à utiliser l’imagerie socialiste, entre autre, sur ses pochettes!

A.F.: N’oublie pas que ce groupe est constitué de quatre individualités Politiquement, nois avons chacun notre idée. Voilà pourquoi dans les chansons nous nous contentons toujours de poser les problèmes, sans jamais apporter vraiment de réponse. Depeche Mode est une mini démocratie. Notre musique s’adresse aux teenagers, qui sont au stade le plus sensible de la vie, au moment où naissent la plupart des idées. S’ils écoutent des groupes comme nois, je crois que c’est positif, mais nous pouvons tout juste les aider à reconstituer le puzzle de la vie. S’ils en retiennent quelque chose, tant mieux.

- Ca ressemble à votre sens de l’indépendance.

A.F.: Nous avons eu beaucoup de bol. D’ailleurs, jamais je ne pourrais conseiller à un groupe de suivre notre exemple. Tout le monde n’est pas Daniel (Miller), il y a tant d’escrocs au pays du rock and roll.

- Un objet des 80’s: le maxi 45 tours.

A.F.: Au cours des 70’s, le simple est devenu un objet si ennuyeux qu’il fallait bien trouver quelque chose pour le remplacer. Lorsqu’ils sont bien foutus, les 12 inch sont des objets magiques. Mais là aussi, il y a beaucoup d’arnaque. Nous sommes assez fiers de notre collection de maxis. Dans dix ou quinze ans, je parie qu’ils auront une certaine valeur, car même si tu n’aimes pas les chansons, chacun d’entre eux a quelque chose de fort. [4] Chaque fois, ils nous ont permis de repousser les frontières de notre imagination.

- Vous enregistrez en RFA, en France, en Angleterre, au Danemark; les 80’s c’est aussi l’Europe?

- A.F.: Une des raisons de notre succès en Allemagne est sans doute notre travail à Berlin et le fait que Martin s’y soit installé. Les kids aiment bien savoir que leur groupe favori se plait à partager leur ville. Pour Paris c’est la même histoire, on a eu envie d’y vivre un moment, d’y bosser et de s’y amuser. [5]
 

demoderus

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Mode 3: Martin Gore

- Quel est le film des 80’s qui t’a le plus marque?

Martin Gore: De la manière la plus stupide et presque de façon négative c’est «Bladerunner» parce qu’il est si 80’s qu’il dépasse le cadre des 80’s. Chaque plan, chaque séquence a une propreté immaculée qui te donne une irrésistible envie d’être moderne. Chaque fois que je vois ce film, je me sens comme un plouc, je trouve que mes cheveux ne sont pas assez décolorés et j’ai envie de ressembler à ces répliquants qui ne vieillissent jamais.

- Si on considère que Depeche Mode incarne les 80’s, auriez-vous été radicalement différents durant les 60’s?

M.G.: Dur à juger. On serait sans doute passé par les mêmes plans que les autres. Le plan cheveux mi-longs, puis le plan «ah ce qu’on s’aime» puis le plan «fleurs dans les cheveux», etc. Je crois surtout que les besoins étaient différents à l’époque. On n’écrivait donc pas les mêmes histoires. D’ailleurs, la plupart des chansons des 60’s étaient axées sur l’amour.

- Pas celles des 80’s?

M.G.: Un certain nombre, mais pas toutes. Ce qui n’empêche pas de faire passer l’émotion dans la musique. La plupart de mes chansons reflètent un sentiment désabusé, voire désenchanté, mais elles sont aussi une quête incessante de l’innocence. Pour moi, c’est la seule manière de survivre. Je sais que beaucoup. Je sais que beaucoup de gens trouvent mes chansons déprimantes. Pour moi, au contraire, elles sont gorgées d’espoir.

- Tu as écrit les chansons de «Music For The Masses» chez toi, à Londres; la ville a-t-elle changé au cours des 80’s?

M.G.: Pas facile à déterminer pour moi car je n’y vis pas très éloigné, mais je n’allais à Londres que pour bosser. Je ne sortais jamais car la route du retour était assez longue: 60 kilomètres lorsque tu ne conduis pas et que les trains s’arrêtent à minuit, c’est le bout du monde. A Londres, on vit un peu plus tard qu’à Basildon et les lois sur la prohibition sont même en train d’evoluer. Les pubs seront bientôt autorisés à rester ouvert dans la journée, mais il fermeront toujours à onze heures. Ça paraît carrément rétro et pourtant… En fait, l’Angleterre n’est pas très 80’s, c’est tout le problème. Je préfère vraiment vivre à Berlin. Si je me suis installé à Londres, c’est seulement prace que ma petite amie n’a jamais vécu ailleurs qu’à Berlin et qu’elle rêvait de l’Angleterre. Mais bientôt, je crois que j’aurai envie d’aller respirer ailleurs en Europe. Je déteste l’Angleterre, elle est trop réac et rétro. Ces lois, ces attitudes je les connais trop bien. J’aime autant les Français ou les Allemands, peut être parce que je les cerne moins bien. Mais je sense qu’ils aiment la vie et la culture.

- Dans l’art ou les bouquins, te souviendras-tu de quelque chose particulier pour les 80’s?

M.G.: Impossible, n’oublie pas que je suis anglais. Tu sais, la plupart des Anglais lisent le Sun ou le Daily Mirror. Je sais que ces feuilles de choux ont leurs équivalents partout en Europe, mais chez nous elles me semblent encore plus nulles. Pour moi, ces canards sont si incroyables qu’ils deviennent drôles. Et parfois, je rêve que tous ces gens ne les achètent que pour rire comme moi.

Chaque jour en page trois ils mettent une playmate plantureuse. Durant les élections, le Sun a fait très fort en publiant un quart de page blanc à la place de la fille et cette légende: «Si la gauche arrive au pouvoir, voilà ce que vous risquez de trouver tous les jours en page trois.» Je parie que le Labour a perdu la partie à cause de ça.

- Tous vos maxis sont sortis en versions CD: voilà un bel objet des 80’s.

M.G.: J’a acheté un lecteur il y a pas si longtemps. On m’en avait offert un il y a trois ans mais il n’était jamais sorti du carton. Je suis un vieux fan de rock and roll et tous mes vieux disques n’existent pas en compact. J’écoute aussi des trucs allemands underground et des vieux gospels. Et puis toute ma vie j’ai eu des crincrins ripoux, il me faut du temps pour m’habituer à une super chaîne hi-fi, alors le CD!

- Et la technologie?

M.G.: Bien sûr, je m’en sens très proche par notre musique. Quand nous avons commencé en 80, on pouvait tout juste raccorder une drum-machine à un sequencer. Aujourd’hui c’est vertigineux. En musique il y a chaque semaine de nouvelles inventions qui sont inter-actives. Parfois, même pour nous, c’est assez dur à suivre, mais on devient vite accro aux nouvelles techniques. Les kids des 80’s ont beaucoup de chance, ils grandissent en même temps que ces machines et ils les comprennent de manière instinctive. S’ils craquent autant sur la musique de Depeche, c’est sans doute qu’ils sentent que nos machines et leurs machines tiennent le même langage.

Mode 4: Alan Wilder

Alan Wilder: Je crois que nous sommes encore plus 80’s que la plupart des groupes des 80’s. Je ne parle pas de musique, bien sûr ce serait prétentieux, mais dans notre manière de fonctionner. En toute indépendance, sans manager, nous prenons nous-mêmes en charge toutes les facettes du groupe au lieu de s’en décharger en prétendant hypocritement se consacrer à la musique. Nous contrôlons nos vidéos, le graphisme et les photos de nos pochettes et tout le business. Je crois que le groupes du futur devront avoir des membres qui n’auront plus rien à voir avec la musique. Un membre du groupe assurera l’image et un autre se chargera des affaires, mais en tant que partie intégrante du groupe, il veillera aux intérêts de la communauté. Le groupe des années 90 tendra vers cela. C’est pareil pour les vidéos, les groupes devraient s’emparer des caméras comme ils ont su jadis empoigner leurs guitares.

- Est-ce qu’il y a une voiture qui à ton avis a marqué les 80’s?

A.W.: Moi je suis un nostalgique de l’automobile et je déteste en vrac toutes les voitures modernes. J’aime les vieilles bagnoles des 50’s / 60’s. Je roule d’ailleurs en DS 23. Je l’ai refaite à neuf. C’est un vrai tank, stupide à conduire et un enfer pour les parkings, mais elle est superbe. Elle aurait pu être dessinée durant les 80’s. Elle était bien trop en avance sur son temps.

- Que détestes-tu le plus dans les 80’s?

A.W.: L’overdose massive de la télé et ses effets ravageurs sur les gens.

- Pourtant tu fais des vidéos et certaines comme «Strangelove», réalisée par Anton Corbijn, sont assez réussies.

A.W.: Beaucoup de gens crachent sur nos clips car ils les trouvent trop intellos, trop zarbis, trop arty.

- Et le sport? De la planche à voile au raft, au cours des 80’s on a vu apparaître des tas de nouveaux sports.

A.W.: J’adore le sport. Le foot surtout. Mais le sport des 80’s, c’est le snookea. Ça se joue sur une table de billard, mais il y a bien plus de boules et les règles sont différentes. La popularité du snookea est assez incroyable. Aujourd’hui il existe des tas de clubs partout en Angleterre. Quant au foot, il perd sa popularité à cause de la violence et du spectre des hooligans.

- Et les clubs musicaux?

A.W.: A Londres, la faune des boîtes me donne de l’urticaire. J’aime mieux passer mon temps à la maison avec ma petite amie. Je cuisine même de temps en temps.

- Si l’on considère que Depeche Mode incarne LE groupe des 80’s, quel est à ton avis celui des 70’s?

A.W.: Les premiers groupes qui me passent par la tête sont Slade, Sweet, Queen, Gary Glitter, Genesis, Yes…

- Les 80’s, en fin de compte?

A.W.: Comme les fringues de la décennie, un patchwork d’after-punk, de nouveau romantique et de jeunes gens modernes, avec un net penchant pour l’électronique et les énivrantes perversités de la technologie.

[1] - Excusez-moi? La faucille était sur l'A Broken Frame de l'année 1982 et le marteau sur le Construction Time Again de l'année 1983. Seulement en 1983 pourrait quelqu'un croire que leur musique avait "les inclinations socialistes", mais quand même, ils seraient mal partiels, ou n'écoutant pas correctement. Essayez cet article (en anglais - desolee) pour voir la bande essayer d'être des socialistes, mais échouer mal. Il semble comme si l'auteur a formé une opinion basée sur la première matière de la bande et pas y permet d'être changé dans la lumière d'albums ultérieurs.

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[2] - Ils sont vraiment d'Essex. Mais qu'un changement de rafraîchissement il fait des articles anglais poussant ce fait en bas votre gorge à chaque opportunité.
[3] - Cette prédiction est incroyablement exacte - 1998 a vu l'apparence d'un album d'hommage de Mode Depeche, intitulé "For The Masses".

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[4] - La prédiction astucieuse numéro deux - de nos jours certains de leurs produits peut vendre pour des centaines de livres.
[5] - Fletch peut être heureux de le dire - mais quant à Dave, seulement quelques mois auparavant (il est en anglais) il se plaignait des fans indiscrets à l'extérieur du studio, il a eu peur d'un homme dans les vêtements de bataille qui les regardait toujours et il déplorait comment ses chaussures étaient toujours couvertes dans la boue de chien des rues Parisiennes.

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80's, Mode d'Emploi

[Best, October 1987. Words: Gerard Bar-David. Pictures: Jean-Yves Legras.]
" The last seven years have been amazing for us, but a lot of people in England and elsewhere will remember the 80’s for the unemployment rate and the queues outside the Job Centre. "
Unusual French article (appearing in translation here) starting from the premise that Depeche Mode embody the decade and treating them as gurus of all things Eighties. It's a risky proposition and ought to have been chaos, but instead the writer seems by and large to have realised Depeche Mode's significance in a way many others didn't catch up with for another three years. Light years ahead.

The best Depeche Mode self-portrait? Their answers on the Eighties, of which they are well and truly the perfect band.

A short trip over the ocean from Copenhagen, the SAS 727 starts its descent onto Arhus Airport after a 30 minutes Aquavit-fuelled flight.

Similar to an imaginary jungle of English lawn, down below, the Danish countryside spreads indefinitely. As we exit the terminal, I catch myself thinking: “How sexy cows must be!!”

What could draw the flamboyant Depeche Mode to such a place? Recorded at the Guillaume Tell studios in Suresne and at London’s Konk, the new DM was being mixed at the heart of this rural Danish countryside. One hour’s drive towards Randers, then a few minutes to Gerlev up a lane through the fields.

Puk Studio is shining under the pale Nordic sun. Polished wood and bay windows in the middle of nowhere, the Mode’s studio looks more like a futuristic base on a newly colonised planet. Lost but aesthetically pleasing, this studious place resonates with the rock fiction riffs played by one of the most astonishing bands of the decade. Obsessed with adventurous sampling, an energy as raw as fibre optic, manager-free and enjoying independence, Dave Gahan, Andrew Fletcher, Martin Gore and Alan Wilder embody, as Depeche Mode, all of the vertigo of the Eighties.

Amongst mirror-like flooring, panoramic pictures of the Solid State Logic console, spatial acoustics, David Bascombe the engineer is at the helm. Sprawled across black leather sofas, the Basildon four prick up their ears. The mega HP coming out of the control room is balancing sequences from the new album. The endless fields outside the windows give the whole scene a surreal atmosphere.

Handshakes, smiles – I hadn’t met the band since their Annecy concert the year before in the pouring rain……..and Bascombe makes us fall into the melancholy of the blasts from the synth on the “Never Let Me Down Again” 12-inch version. Speed, tenderness, harmony, pulsating like a giant heart, this title has dramatic accents that cannot leave anyone indifferent. “Never Let Me Down Again” is a shock for guts and eardrums and has all the determination of “Stripped”.

With Toblerone, cigarettes and beer on the rough wooden coffee table, in this designer Swedish décor, Depeche Mode retrace the genesis of their new album “Music for the Masses”. It is composed of ten titles written by Martin in his London abode between the summer of 1986 and the New Year. After listening to it, they all met up in Alan’s 16 track studio to programme all the sequences.

Throughout January they built the foundations, the sound sketches, the thread around which the songs would be built. Then the band flew to Paris where the first single “Strangelove”, as well as most other tracks were recorded. After six weeks spent at Guillaume Tell the Modes treated themselves to a holiday. Our four young people, all tanned and travelled up, then met up at the Konk studio in London in order to complete more titles. Then, the final stop in the immensity of Danish plains for the mix.

But why on Earth did they choose this Scandinavian pit? Fletch replies: “It’s one of the best studios in the world and also made a refreshing change from Hansa in Berlin where we had been working for a few years. We have loads of mates there, but we thought it was time for a change of scenery. If you go to the same place every day you become like a civil servant and it’s terrible. Here, in the middle of nowhere, there’s nothing else to do but work! And to prove it, we’ve only got two titles left to mix!”

The title “Music for The Masses” is a humorous allusion to the last tour (more than 500,000 tickets sold), and just like the hammer and sickle and the industrial symbols of the two previous albums, reflects the band’s socialist tendencies. [1]

The Eighties, Depeche Mode years, the young Sussex lads have found a successful beat that sums up the decade’s trends. [2] Archetype of the 80’s, each of the four Modes also reflects the band’s influences. One by one they accepted to play the interview game on the theme “The Depeche Mode Years” .
 

demoderus

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MODE 1 : DAVE GAHAN

DG: I believe we are indeed an 80’s band. We started in 1980 and now in ’87 we are still around. I bet we will even make the 90’s. If we have survived it’s because our music has evolved. If you listen to DM albums successively, you can see the evolution very clearly. I don’t think a lot of bands evolve in such a radical way. Usually, once they have found a “formula” that works, they hang on to it. For us, it’s the opposite, we are constantly on the look out for new territories to explore; there isn’t any other way of avoiding boredom.

I also believe that Martin possesses the rare talent to write songs that resist the erosion of time. Things like “Everything Counts” and “People are People” will last forever. I even bet that in ten years’ time there will be bands doing covers of those songs: it’s a music that pushes you forward. [3] Our songs always convey an atmosphere: sad or optimistic, it’s full of substance. The new single “Never let Me Down Again” really gives me goose pimples. Not all our songs have this effect on me, but this particular one is wild. I love that kind of tension.

This is such an 80’s thing! This taste for tension is the punk legacy.

To me, it’s essential. I need this tension bordering on explosion. I need to know that anything can happen.

During the 80’s technology both in the studios and your daily lives has progressed tremendously. What has left its mark on you ?

First and foremost, the electronic implication that affects almost every band. There are very few albums these days that don’t use Fairlight, Synclavier or Emulator. The problem is that most of these bands don’t know how to use them. They use and abuse pre-programmed sounds that come with the machine rather than create and invent their own. For us, it’s really like a game to find the most unexpected sounds. The only rule is that they must never have been on a record before.

As far as the essential 80’s phenomena are concerned, there is a VHS mania and CD mania. A band like DM is also technology addicted, which is also what differentiates us from 60’s bands when they played the guitar and that was it.

Nowadays the choice of sounds on offer is mind-boggling. We sometimes spend entire days creating THE sound we want. We use so many different instruments. People call DM an electronic band but it’s wrong. We use anything, from the acoustic guitar to the percussion via the most sophisticated robots. The only thing we refuse are limitations and I don’t think there is a single band in the world that operates like us.

What about 80’s clothes?

The first bands I ever listened to were punk: The Damned, Siouxsie, etc….. and I used to dress like them. It was a fabulous era, oozing energy. I hated school. All I was interested in was going out every night to see a gig. I was 15 and refused school because I was being dictated a way of behaving so as to bury me in a boring, stupid, repetitive job. I left everything and fled to London. But I ended up being bored by punk because everybody looked the same: same clothes, same haircuts, it had become the norm, it was a pain.

So, what’s the ideal 80’s look?

Mmmmm, difficult to say…

I have always had a weakness for clothes: even when I was broke I’d blow everything on them. These days, I go to South Molton Street and I raid Gaultier and Comme des Garcons. The 80’s are also about leather and I do wear a lot of it.

No manager, no contract, being totally independent, that’s also an 80’s thing.

This is true, we did teach ourselves, by taking things into our own hands and never signing any contract with a record label. I think it’s rather unique for a band the size of Depeche Mode. But we have worked hard to get where we are and we are going to carry on. In fact, I reckon we love working! I am 25 and have no money issues, but more importantly, I love what we do with a passion, even if it’s sometimes physically and mentally difficult.

If you had been the singer in a band some ten years ago, would things have been different for you?

If I had been a singer in the 60’s, I would have liked it to be with the Stones. I feel as aggressive as Jagger or Richards at the time.
 

demoderus

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MODE 2: ANDY FLETCHER

In the new album, the word “masses” has a socialist ring to it. Is that an 80’s thing?

It’s more of a wink than a political position, particularly for the English who accuse us of not making music commercial enough to be played on the radio. Music for all, in theory only, because as usual this album will be rejected by loads of people. In fact, I don’t mind at all the fact that our music may shock some people, although we are not as mad as the Sex Pistols for instance. We have nothing against rock/bass/guitar/drums but we want to have an attempt at something different. The last seven years have been amazing for us, but a lot of people in England and elsewhere will remember the 80’s for the unemployment rate and the queues outside the Job Centre.

The 80’s are also the Thatcher years.

Thatcher was very lucky: because of the decrease in crude oil rates and the fall of the dollar, western economies started doing well again. Objectively, the British economy is in much better shape, but if the left had won the election they would have got the same results and at least the job seekers allowance would be higher.

Doesn’t the 80’s British left cruelly lack a strong leadership?

There is Kinnock and he is good, I believe. But our electoral system is vicious enough to play against the majority. Back home, in Basildon, the Tories got 20,000 votes, Labour 18,000 and the Liberals 12,000. The right with their 20,000 got the seat, even if 30,000 of their citizens voted against them! That’s disgusting. If you project that on a national scale, it’s even more revolting. With six million voters, the Liberals won 20 seats at the Parliament. With 13 million voters, the winning right is worth 400 seats. But politics are not that important and five years will fly by.

Is there a character abroad that embodies the 80’s for you?

For me, it’s Reagan. He is so funny and derisory. Gorbachev is also an essential figure with his Glasnost.

And that’s coming from someone who uses socialist imagery, amongst other things, on their record sleeves!

Don’t forget that this band is made out of four individualities. Politically, we all have our own opinion. That’s why, in our songs, we only ever ask questions but never answer them. Depeche Mode is a mini democracy.

Our music targets teenagers, who are at the most sensitive stage in life, at a time when most ideas start to form. If they listen to bands like us, I think it’s a positive thing, but all we can do is help them solve the puzzle of life. If something remains, then so much the better.

This resembles your sense of independence.

We have been very lucky. By the by, I would never advise a band to follow our example. Not everyone is like Daniel (Miller). There are so many crooks in the land of rock’n’roll!

An object of the 80’s: the 12 inch single?

Throughout the 70’s, singles had become so boring that they had to be replaced. When they are well made, 12 inches are magical objects. But there, too, there are a lot of scams. We are quite proud of our 12 inch collection. In 10 to 15 years, I bet they will be worth a lot, because even if you don’t like the songs, each one of them has some strength about it. [4] Each time, they’ve enabled us to push the boundaries of our imaginations further.

You record in Germany, France, England, Denmark: Do the 80’s “rhyme” with Europe?

One of the main reasons for our success in Germany is probably our work in Berlin and the fact that Martin lives there. The kids like to know that their favourite band enjoys their hometown. For Paris, it’s the same story, we felt like living there for a while, working there and having fun there too! [5]

[1] - Excuse me? The sickle was on 1982's A Broken Frame and the hammer on 1983's Construction Time Again. 1983 was the only year where their music could ever be described as having 'socialist leanings', and it would take a sloppy listening or a biased mind at that. Try this article to see what a pig's ear the band make of trying to be socialists. It looks as if the author has formed an opinion based on the band's early material and not let it be changed in the light of subsequent albums.

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[2] - Whoops! They're actually from Essex. But what a refreshing change it makes from the English articles shoving that fact down your throat at every opportunity.
[3] - This prediction is uncannily accurate - 1998 saw the release of a Depeche Mode tribute album, titled "For The Masses".

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[4] - Astute prediction number two - nowadays some of their releases can go for several hundred pounds.
[5] - Well it might be very well for Fletch - but as for Dave, only a few months previously he was griping about the pushy fans outside the studio, scared about the stalker in the combat fatigues, and bemoaning how the soles of his Dr Marten's always got gunged up with Parisian dog muck.

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demoderus

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MODE 3: MARTIN GORE

Which 80’s movie has left its mark on you?

In the silliest way and in an almost negative manner, it’s Bladerunner because it’s so 80’s that it goes beyond the 80’s. Each plotline, each scene is so immaculate that it gives you an irresistible urge to be modern. Each time I watch it, I feel frumpy. I find my hair not bleached enough and I want to look like those characters that never age.

Assuming that Depeche Mode embodies the 80’s, would you have been drastically different in the 60’s?

Difficult to say. We would probably have gone through the same things as the others. The long hair phase, the “we all love each other” phase etc… I believe people had different needs then. They didn’t write the same stories as now. For instance, most 60’s songs were about love.

Not 80’s songs?

Some of them, not all of them. Which doesn’t prevent emotion from filtering through the music. Most of my songs reflect a feeling of disillusionment, of disenchantment, but they are also a constant quest for innocence. For me, it’s the only way of surviving. I know a lot of people find my songs depressing. To me, on the contrary, they are full of hope.

You wrote the songs for “Music for the Masses” from your London home. Has the city changed much throughout the 80’s?

Not easy for me to say as I haven’t lived there for long. Basildon is not very far but I only used to go to London for work. I never used to go out there as getting back took ages: 60 km when you don’t drive and the trains stop running at midnight, it’s like the other end of the world! In London, people stay out later than in Basildon and licensing laws are changing. Pubs will soon be allowed to stay open during the day, but they will shut at 11pm. It seems totally outdated, but still…

In fact, England is not very 80’s, that’s where the problem is. If I have settled in London, it’s because my girlfriend has never lived anywhere else but in Berlin and was dreaming of England. But I feel I will soon need to go and breathe somewhere else in Europe. I hate England. It’s too conservative and backward. Those laws, attitudes, I know them all too well. I like the French or the Germans just as well, maybe because I don’t understand them so much. But I can sense they enjoy life and culture.

As far as art and books are concerned, will you remember anything in particular from the 80’s?

Impossible. Don’t forget I’m English. You know, most Britons read the Sun or the Daily Mirror. I know those tabloids have their equivalent everywhere in Europe, but back home they seem to be even more rubbish. To me, they are so incredible that it makes them comical. And sometimes I imagine that all those people only buy them for a laugh, just like me.

Everyday, on page 3 they put a curvy playmate. During the elections, the Sun struck by publishing a quarter of a blank page instead of the playmate with the following caption: “If the left comes to power, this is what you might find every day on page 3”.

I bet Labour lost because of that!

All your 12 inches have been released in CD version: here is a great 80’s object.

I bought a CD player recently. I was given one as a gift three years ago but I never got round to getting it out of its box. I am an old rock’n’roll fan and none of my old records exist on CD. I also listen to German underground stuff, and all my life I’ve had crap turntables; I need time to get used to a great stereo system, let alone CDs!

What about technology?

Of course, I do feel very close to it through our music. When we started in 1980, we could only just plug a drum-machine into a sequencer. Nowadays it’s frightening. In music, there are new interactive inventions every week. It’s sometimes hard to follow, even for us, but it’s easy to get hooked to new techniques. 80’s kids are very lucky, they’re growing up with those machines and they understand them instinctively.

If they are so crazy about DM music, it’s probably because they can sense our machines and theirs speak the same language.
 

demoderus

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MODE 4: ALAN WILDER

I think we are even more 80’s than most 80’s bands. I am not talking about music, of course, that would be pretentious, but about the way we operate. In total independence, without a manager, we take charge of all aspects of the band rather than offload it to someone else while pretending to dedicate ourselves solely to music.

We control our videos, the design and pictures of our sleeves and the whole business.

I think that in the future bands will need to have members that have nothing to do with the music. One member will deal with the band’s image, another with the business side of things, but, as fully fledged members of the band, they will protect everyone’s interests. The 90’s band will aim at that. It’s the same for videos, bands should grab hold of the cameras, just as they grabbed their guitars before.

Is there a particular car that symbolises the 80’s for you?

I’m a nostalgic car amateur and hate violently all modern cars. I love old cars from the 50’s/60’s. I currently drive a DS 23. I have totally restored it, it’s like new! It’s a real tank, stupid to drive and hell in car parks but it’s stunning! It could have been designed in the 80’s, it was way ahead of its time.

What do you hate most about the 80’s?

The mass TV overdose and its devastating effects on people.

You nevertheless do videos and some of them, such as Strangelove, directed by Anton Corbjin, are quite a success.

A lot of people spit at our videos because they find them too weird, too intellectual, too arty.

What about sport? From windsurfing to rafting, the 80’s have seen the birth of a lot of sports.

I love sport, especially football. But the ultimate 80’s sport is snooker. You play it on a pool table but there are many more balls and the rules are different. It’s incredibly popular. There loads of different clubs all over England. As for football, it’s declining in popularity because of violence and hooliganism.

What about music clubs?

I hate the people you see in London nightclubs. I’d rather spend time at home with my girlfriend. I even cook every now and then.

If we consider Depeche Mode to be THE 80’s band, which one is the ultimate 70’s band in your opinion?

The first bands that spring to mind are Slade, Sweet, Queen, Gary Glitter, Genesis, Yes.

So, what about the 80’s in the end?

Just like this decade’s clothes, it’s a patchwork of post-punk, new-romantic and modern young people, with a clear weakness for electronics and the dizzying perversions of technology.
 

demoderus

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