80s, Mode d'Emploi
[Best, Octobre 1987. Texte: Gerard Bar-David. Photos: Jean-Yves Legras.]
80'S, MODE D'EMPLOI
Le meilleur autoportrait de Depeche Mode? Leurs reponses sur les années quatre-vingt. Ils en sont bien le groupe parfait.
Saut de puce au-dessus de l’océan depuis Copenhague, le 727 de la SAS, après trente minutes d’un vol arrosé à l’aquavit, amorce sa descent sur Arhus Airport. Comme une jungle imaginaire de gazon anglais, en bas, tout en bas, la campagne danoise s’étend à perte de vue. En sortant du terminal, je me surprend à penser: «Comme les vaches devaient être sexy!»
Qu’est-ce qui pouvait attirer les flamboyants Depeche Mode dans un endroit pareil? Enregistré au studio Guillaume Tell à Suresnes et au Konk de Londres, le Depeche neuf achevait son mixage au cœur de ce pays danois désurbanisé. Une heure de route en direction de Randers puis quelques kilomètres jusqu’à Gjerlev sur un chemin à travers champs, le studio PUK étincelle sous le pâle soleil nordique. Bois vernis et baies vitrées au milieu du néant, le studio des Mode ressemble à une base avancée plantée sur une planète en voie de colonisation. Paumé mais esthétique, le lieu studieux vibre des accords en rock-foction-d’une des formations les plus étonnantes de le décennie.
Obsédés du sampling aventureux, énergie à fleur de peau vive comme la fibre optique, sans manager et dans la jouissance de l’indépendance, Dave Gahan, Andy Fletcher, Martin Gore et Alan Wilder incarnent en Depeche Mode tout le vertige des années 80.
Parquet miroir, image en panavision de la console Solid State Logic, acoustique spatiale et plantes vertes, David Bascombe l’ingénieur est aux commandes. Dans des fauteuils de cuir noir les quatre de Basildon ont les oreilles tendues. Les méga-HP du control room balancent les séquences inédites du nouvel album. A travers les baies vitrées, les champs à perte de vue donnent un côté irréel à la scène.
Poignées de mains, sourires – je n’avais pas revu le groupe depuis leur concert à Annecy l’an passé sous des trombes d’eau – et Bascombe nous fait basculer dans la mélancolie des rafales de synthés du maxi «Never Let Me Down Again». Speed, tendresse, profondeur, harmonie, pulsé comme un cœur géant, le titre à des accents dramatiques qui ne peuvent laisser indifférent. Choc pour tripes et tympans, «Never Let Me Down Again» a toute la détermination d’un hit comme «Stripped». Toblerone, cigarettes et bières sur la table basse en bois brut, dans ce décor design suédois, les Depeche tracent la genèse de leur nouveau disque: «Music For The Masses».
Les dix titres qui le composent ont été écrits par Martin dans sa baraque de Londres entre l’été 86 et le nouvel an. Aprés écoute, tout le monde s’est retrouvé dans le studio 16 pistes d’Alan pour programmer toutes les plages. Durant tout le mois de janvier s’opère le gros œuvre, le croquis sonore, la trame sur laquelle seront bâties les chansons. Le groupe s’envole ensuite pour Paris où le premier single «Strangelove» et la plupart des morceaux sont enregistrés. Après six semaines de Guillaume Tell, les Mode s’offrent quelques vacances. Globe trotters et bronzés, nos quatre jeunes gens se retrouvent au studio Konk de Londres pour faire de nouveaux titres. Enfin, dernière étape et immensité des plaines danoises pour le mixage.
Mais que diable sont-ils venus faire dans cette galère scandinave? «C’est un des meilleurs studios du monde», réplique Fletch, «et ça nous changeait de Hansa à Berlin où l’on travaillait depuis quelques années. On a un tas de copains là-bas, mais on s’est dit qu’il était temps de changer d’air. Si tu vas au même endroit tout les jours, tu deviens fonctionnaire et c’est terrible. Ici c’est tellement paumé qu’il n’y a pas d’autre choix que bosser. La preuve, il ne reste plus que deux titres à mixer.»
Clin d’œil à la dernière tournée-plus de 500.000 entrées-le titre «Music For The Masses», comme la faucille de «A Broken Frame», le marteau de «Construction Time Again» et les symboles industriels des deux albums précédents, reflète les tendances socialisantes du groupe. [1]
Années 80, années Depeche Mode, les petits gars du Sussex ont trouvé le beat à succès qui résume la tendance de la décennie. [2] Archétype des 80’s, chacun des quatre Modes reflète aussi les influences du groupe. Un à un, ils ont accepté de se livrer au jeu de l’interview sur le thème des années Depeche Mode.
[Best, Octobre 1987. Texte: Gerard Bar-David. Photos: Jean-Yves Legras.]
C'est un article étrange : il commence avec la prémisse que le DM personnifie les années 1980 et les traite comme les gourous sur toutes les choses raccordées avec cette décade. C'est une proposition risquée et l'article pourrait facilement avoir été shambolic. Mais au lieu de cela l'auteur s'est grandement rendu compte la signification de DM où beaucoup d'autres personnes n'ont pas fait. En avance de son temps à beaucoup d'années." Ces sept dernières années ont été géniales pour nous, mais beaucoup de gens en Angleterre et ailleurs se suviendront des 80’s pour le chômage et les files d’attente de l’ANPE. "
80'S, MODE D'EMPLOI
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Le meilleur autoportrait de Depeche Mode? Leurs reponses sur les années quatre-vingt. Ils en sont bien le groupe parfait.
Saut de puce au-dessus de l’océan depuis Copenhague, le 727 de la SAS, après trente minutes d’un vol arrosé à l’aquavit, amorce sa descent sur Arhus Airport. Comme une jungle imaginaire de gazon anglais, en bas, tout en bas, la campagne danoise s’étend à perte de vue. En sortant du terminal, je me surprend à penser: «Comme les vaches devaient être sexy!»
Qu’est-ce qui pouvait attirer les flamboyants Depeche Mode dans un endroit pareil? Enregistré au studio Guillaume Tell à Suresnes et au Konk de Londres, le Depeche neuf achevait son mixage au cœur de ce pays danois désurbanisé. Une heure de route en direction de Randers puis quelques kilomètres jusqu’à Gjerlev sur un chemin à travers champs, le studio PUK étincelle sous le pâle soleil nordique. Bois vernis et baies vitrées au milieu du néant, le studio des Mode ressemble à une base avancée plantée sur une planète en voie de colonisation. Paumé mais esthétique, le lieu studieux vibre des accords en rock-foction-d’une des formations les plus étonnantes de le décennie.
Obsédés du sampling aventureux, énergie à fleur de peau vive comme la fibre optique, sans manager et dans la jouissance de l’indépendance, Dave Gahan, Andy Fletcher, Martin Gore et Alan Wilder incarnent en Depeche Mode tout le vertige des années 80.
Parquet miroir, image en panavision de la console Solid State Logic, acoustique spatiale et plantes vertes, David Bascombe l’ingénieur est aux commandes. Dans des fauteuils de cuir noir les quatre de Basildon ont les oreilles tendues. Les méga-HP du control room balancent les séquences inédites du nouvel album. A travers les baies vitrées, les champs à perte de vue donnent un côté irréel à la scène.
Poignées de mains, sourires – je n’avais pas revu le groupe depuis leur concert à Annecy l’an passé sous des trombes d’eau – et Bascombe nous fait basculer dans la mélancolie des rafales de synthés du maxi «Never Let Me Down Again». Speed, tendresse, profondeur, harmonie, pulsé comme un cœur géant, le titre à des accents dramatiques qui ne peuvent laisser indifférent. Choc pour tripes et tympans, «Never Let Me Down Again» a toute la détermination d’un hit comme «Stripped». Toblerone, cigarettes et bières sur la table basse en bois brut, dans ce décor design suédois, les Depeche tracent la genèse de leur nouveau disque: «Music For The Masses».
Les dix titres qui le composent ont été écrits par Martin dans sa baraque de Londres entre l’été 86 et le nouvel an. Aprés écoute, tout le monde s’est retrouvé dans le studio 16 pistes d’Alan pour programmer toutes les plages. Durant tout le mois de janvier s’opère le gros œuvre, le croquis sonore, la trame sur laquelle seront bâties les chansons. Le groupe s’envole ensuite pour Paris où le premier single «Strangelove» et la plupart des morceaux sont enregistrés. Après six semaines de Guillaume Tell, les Mode s’offrent quelques vacances. Globe trotters et bronzés, nos quatre jeunes gens se retrouvent au studio Konk de Londres pour faire de nouveaux titres. Enfin, dernière étape et immensité des plaines danoises pour le mixage.
Mais que diable sont-ils venus faire dans cette galère scandinave? «C’est un des meilleurs studios du monde», réplique Fletch, «et ça nous changeait de Hansa à Berlin où l’on travaillait depuis quelques années. On a un tas de copains là-bas, mais on s’est dit qu’il était temps de changer d’air. Si tu vas au même endroit tout les jours, tu deviens fonctionnaire et c’est terrible. Ici c’est tellement paumé qu’il n’y a pas d’autre choix que bosser. La preuve, il ne reste plus que deux titres à mixer.»
Clin d’œil à la dernière tournée-plus de 500.000 entrées-le titre «Music For The Masses», comme la faucille de «A Broken Frame», le marteau de «Construction Time Again» et les symboles industriels des deux albums précédents, reflète les tendances socialisantes du groupe. [1]
Années 80, années Depeche Mode, les petits gars du Sussex ont trouvé le beat à succès qui résume la tendance de la décennie. [2] Archétype des 80’s, chacun des quatre Modes reflète aussi les influences du groupe. Un à un, ils ont accepté de se livrer au jeu de l’interview sur le thème des années Depeche Mode.
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