Depeche Mode Une Celebration
[Wow!, Aout 1986. Texte: Andre Laliberte. Photos: Inconnu.]
Six ans après sa naissance, au plus for de la vague synth-pop, Depeche Mode a finalement emerge comme la plus importante formation de clavieristes des annees 80, et a en juger par la nouvelle generation qui pousse, elle a deja fait ecole. Grace a un son moderne, rationnel et emotif a la fois, la musique de Depeche Mode donne raison de celebrer, peu importe les couleurs qu’elle revet. Texte: Andre Laliberte
“Black Celebration”, la derniere offrande de Depeche Mode depuis deux ans, vient confirmer le role important qu’a joue cette formation dans la musique pop depuis ses debuts. Par ses melodies entrainantes et ses texts percutants, ce groupe de clavieristes a prouve qu’il est possible de divertir tout en demeurant tres intelligent. En tournant le dos aux modes (!), le groupe a impose sa personnalite et après plus de six ans de carriere, on ne peut que se render a l’evidence, on se trouve en face d’une formation qui est faite pour rester. Dedaignes au depart par des critiques qui ne voyaient en eux qu’une formation techno-pop de plus, les Modes ont vite attire l’attention par les propos de leurs chansons et leurs refus des compromise.
L’histoire des Modes a commence a Basildon, en banlieue de Londres. Andy Fletcher, Martin Gore, et Vince Clarke cherchaient un nom pour leur formation de deux guitaristes et un clavierist et c’est en feuilletant un magazine de mode francais, “Depeche Mode”, qu’ils ont baptise leur groupe. Malheureusement, si ce nom sonnait bien a leur oreille, il n’en etait pas de meme pour leurs instruments et un bon jour, les trois decident de balancer les guitars et de les remplacer par des synthes.
Lorsque Dave Gahan s’est joint au group, les quatre de Depeche Mode presentent leurs demos et ne suscitent aucun interet, jusqu’au jour ou ils rencontrent le fondateur d’un petit label, Mute Records. Impressionne des le debut, celui-ci leur signe un contrat et lance leur premier 45 trs, “Dreaming Of Me”. C’est le debut d’une carriere prolifique. Le deuxieme succes, “New Life”, se rend en 11eme position, suivi de “Just Can’t Get Enough”, qui montera encore plus haut dans le top ten.
Apres une tournee en Angleterre et en Europe, qui fait suite a la parution du premier long-jeu, “Speak And Spell”, Depeche Mode se merite des points de la critique et gagne de plus en plus d’adeptes, puisque le premier long-jeu grimpe dans les dix premieres positions des palmares. C’est a ce moment que Vince Clarke, qui preferait le travail en studio aux foules, decide de quitter le groupe pour aller former Yaz. Ce depart ne remet pas en question la cohesion des trois members restants et les trois enregistrent un nouveau success, “See You”, ecrit par Martin Gore.
Lors de leurs premiers spectacles aux Etats-Unis, les Modes introduisent leur nouveau member, Alan Wilder, lui aussi aux synthes et aux voix; Depeche Mode n’a pas change depuis et le groupe, a travers la diversite des personnalites qui le composent, se revele extremement bien soude. Apres un tournee reussie de deux semaines en Amerique du Nord, les Modes s’exilent dans les studios de Berlin pendant trois mois et concoctent leur second effort sur vinyle, “A Broken Frame”. Deux success en sont tires, “Leave In Silence” et “Got The Balance Right”. La tournee qui suit amene le groupe aussi loin qu’a Tokyo et a leur grand etonnement, les quatre de Depeche Mode provoquent des emeutes chez leurs fans a l’aeroport Kai Tak de Hong Kong. Mais le moment le plus marquant de ce periple, ce sera le sejour du groupe a Bangkok. Confrontes pour la premier fois a la misere du Tiers-Monde, les quatre jeunes Anglais reviennent de l’Extreme-Orient bouleverses et transformes. La pauvrete qu’ils avaient connue dans les quartiers qui les avaint vu grandir n’avait rien de commun avec le denuement total qu’ils ont observe dans les rues de Bangkok, a deux pas de leur hotel de premiere classe. Cette rencontre avec un univers qu’ils n’avaient jamais pu decouvrir autrement que par le biais de leurs tetes allait influencer l’ecriture de leurs chansons a venir.
Ainsi, leur quatrieme, long-jeu, “Construction Time Again”, qui incluait les succes “Everything Counts” et “Love In Itself” aborde des themes humanistes qui font dementir tous ceux qui pensaient que la musique legere et entrainante de ce groupe de synth-pop ne pouvait que vehicular des messages superficiels. La tournee qui suit la parution de ce microsillon est accompagne d’un impressionant spectacle visuel qui vaut aux Modes les louanges des critiques habituellement cyniques de la presse britannique.
Vient alors le mini-album “People Are People”, bati autour de la chanson du meme nom, qui confirme le nouveau tournant pris par les quatre de Basildon. La chanson fait un malheur des deux cotes de l’atlantique avec son refrain irresistible et militant. Sans exprimer de frustration destructive, la chanson exprime une interrogation universelle: “Aidez-moi a comprendre qu’est-ce qui fait qu’un homme hait un autre homme”. Avec ette piece magistrale, les Modes s’inscrivent dans la lignee des super-groupes essentials don’t les chansons ne vieillissent pas, parce qu’elles touchent des cordes profondes qui vont bien au-dela des courantes de la mode. N’est-ce pas que “People Are People”, en 1986, demeure une piece brulant d’actualite lorsqu’on a en tete les recents titres des journaux?
Apres ce coup de maitre, les Modes font paraitre le superbe long-jeu “Some Great Rewards”, ou, en plus de “People Are People”, on retrouve la chanson feministe par excellence que seuls quatre jeunes homes pouvaient ecrire: “Master And Servants”, Martin Gore, le responsible des texts pour le groupe, expliquait qu’il onversait dans cette piece les roles traditionnels entre les sexes pour mieux montrer l’absurdite de la domination male…
[Wow!, Aout 1986. Texte: Andre Laliberte. Photos: Inconnu.]
Six ans après sa naissance, au plus for de la vague synth-pop, Depeche Mode a finalement emerge comme la plus importante formation de clavieristes des annees 80, et a en juger par la nouvelle generation qui pousse, elle a deja fait ecole. Grace a un son moderne, rationnel et emotif a la fois, la musique de Depeche Mode donne raison de celebrer, peu importe les couleurs qu’elle revet. Texte: Andre Laliberte
“Black Celebration”, la derniere offrande de Depeche Mode depuis deux ans, vient confirmer le role important qu’a joue cette formation dans la musique pop depuis ses debuts. Par ses melodies entrainantes et ses texts percutants, ce groupe de clavieristes a prouve qu’il est possible de divertir tout en demeurant tres intelligent. En tournant le dos aux modes (!), le groupe a impose sa personnalite et après plus de six ans de carriere, on ne peut que se render a l’evidence, on se trouve en face d’une formation qui est faite pour rester. Dedaignes au depart par des critiques qui ne voyaient en eux qu’une formation techno-pop de plus, les Modes ont vite attire l’attention par les propos de leurs chansons et leurs refus des compromise.
L’histoire des Modes a commence a Basildon, en banlieue de Londres. Andy Fletcher, Martin Gore, et Vince Clarke cherchaient un nom pour leur formation de deux guitaristes et un clavierist et c’est en feuilletant un magazine de mode francais, “Depeche Mode”, qu’ils ont baptise leur groupe. Malheureusement, si ce nom sonnait bien a leur oreille, il n’en etait pas de meme pour leurs instruments et un bon jour, les trois decident de balancer les guitars et de les remplacer par des synthes.
Lorsque Dave Gahan s’est joint au group, les quatre de Depeche Mode presentent leurs demos et ne suscitent aucun interet, jusqu’au jour ou ils rencontrent le fondateur d’un petit label, Mute Records. Impressionne des le debut, celui-ci leur signe un contrat et lance leur premier 45 trs, “Dreaming Of Me”. C’est le debut d’une carriere prolifique. Le deuxieme succes, “New Life”, se rend en 11eme position, suivi de “Just Can’t Get Enough”, qui montera encore plus haut dans le top ten.
Apres une tournee en Angleterre et en Europe, qui fait suite a la parution du premier long-jeu, “Speak And Spell”, Depeche Mode se merite des points de la critique et gagne de plus en plus d’adeptes, puisque le premier long-jeu grimpe dans les dix premieres positions des palmares. C’est a ce moment que Vince Clarke, qui preferait le travail en studio aux foules, decide de quitter le groupe pour aller former Yaz. Ce depart ne remet pas en question la cohesion des trois members restants et les trois enregistrent un nouveau success, “See You”, ecrit par Martin Gore.
Lors de leurs premiers spectacles aux Etats-Unis, les Modes introduisent leur nouveau member, Alan Wilder, lui aussi aux synthes et aux voix; Depeche Mode n’a pas change depuis et le groupe, a travers la diversite des personnalites qui le composent, se revele extremement bien soude. Apres un tournee reussie de deux semaines en Amerique du Nord, les Modes s’exilent dans les studios de Berlin pendant trois mois et concoctent leur second effort sur vinyle, “A Broken Frame”. Deux success en sont tires, “Leave In Silence” et “Got The Balance Right”. La tournee qui suit amene le groupe aussi loin qu’a Tokyo et a leur grand etonnement, les quatre de Depeche Mode provoquent des emeutes chez leurs fans a l’aeroport Kai Tak de Hong Kong. Mais le moment le plus marquant de ce periple, ce sera le sejour du groupe a Bangkok. Confrontes pour la premier fois a la misere du Tiers-Monde, les quatre jeunes Anglais reviennent de l’Extreme-Orient bouleverses et transformes. La pauvrete qu’ils avaient connue dans les quartiers qui les avaint vu grandir n’avait rien de commun avec le denuement total qu’ils ont observe dans les rues de Bangkok, a deux pas de leur hotel de premiere classe. Cette rencontre avec un univers qu’ils n’avaient jamais pu decouvrir autrement que par le biais de leurs tetes allait influencer l’ecriture de leurs chansons a venir.
Ainsi, leur quatrieme, long-jeu, “Construction Time Again”, qui incluait les succes “Everything Counts” et “Love In Itself” aborde des themes humanistes qui font dementir tous ceux qui pensaient que la musique legere et entrainante de ce groupe de synth-pop ne pouvait que vehicular des messages superficiels. La tournee qui suit la parution de ce microsillon est accompagne d’un impressionant spectacle visuel qui vaut aux Modes les louanges des critiques habituellement cyniques de la presse britannique.
Vient alors le mini-album “People Are People”, bati autour de la chanson du meme nom, qui confirme le nouveau tournant pris par les quatre de Basildon. La chanson fait un malheur des deux cotes de l’atlantique avec son refrain irresistible et militant. Sans exprimer de frustration destructive, la chanson exprime une interrogation universelle: “Aidez-moi a comprendre qu’est-ce qui fait qu’un homme hait un autre homme”. Avec ette piece magistrale, les Modes s’inscrivent dans la lignee des super-groupes essentials don’t les chansons ne vieillissent pas, parce qu’elles touchent des cordes profondes qui vont bien au-dela des courantes de la mode. N’est-ce pas que “People Are People”, en 1986, demeure une piece brulant d’actualite lorsqu’on a en tete les recents titres des journaux?
Apres ce coup de maitre, les Modes font paraitre le superbe long-jeu “Some Great Rewards”, ou, en plus de “People Are People”, on retrouve la chanson feministe par excellence que seuls quatre jeunes homes pouvaient ecrire: “Master And Servants”, Martin Gore, le responsible des texts pour le groupe, expliquait qu’il onversait dans cette piece les roles traditionnels entre les sexes pour mieux montrer l’absurdite de la domination male…