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Depeche Mode Depeche Mode, Registre Ultra (Blah Blah News, 1997)

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Depeche Mode, Registre Ultra
[Blah Blah News, Avril 1997. Texte: Inconnu. Photos: Anton Corbijn.]
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La difficulté pour un groupe de rock, c’est durer, d’avoir une continuité, de faire plaisir aux fans d’hier tout en essayant d’en attraper d’autres. Il y a vingt ou trente ans, la question ne se posait pas. Aujourd’hui, un groupe peut d’un disque à l’autre basculer de la gloire au néant. Depeche Mode, comme son nom l’y prédisposait, a dû faire face à l’ironie des médias rock, qui n’ont jamais porté dans leurs coeurs les tourneurs de boutons.

Barrel Of A Gun est le premier single extrait du nouvel album, Ultra. Ainsi en cette année 1997, la techno emporte toutes les certitudes sur son chemin, les groupes de rock traditionnels, ont beaucoup de mal à rester les deux pieds sur terre. Là où U2, à grand renfort de communication, prétend faire un album moderne et futuriste, en s’alliant soit à Flood qui participa aux débuts de l’aventure Depeche Mode, soit à Howie B., sorte de Brian Eno du Casio Tone, Depeche Mode, tout en ne déclarant rien de particulier, sort un single cataloguant tous les dangers qui émergent à l’ère de l’Internet. Le tout avec une telle aisance que cela en est presque louche. Depeche Mode a vendu son âme, ou bien la façon dont il compose se prête sans problème particulier au temps, même si ce derniere passe vite.

Ce Barrel Of A Gun, dans sa version de base, est formidable, unde démonstration rigoureuse du chemin obligatoire qui rock et techno doivent negocier ensemble. La conjunction de l’écriture, du style Depeche Mode, et les talents de sorcier du son de Tim Simenon posent Barrel Of Gun comme l’impeccable single que Depeche Mode se devait de sortir.

Il eut été, avec le recul du jugement, impensable que Depeche Mode, qui a toujours joué avec des instruments non conventionnels, essaie de refaire le coup de Personal Jesus. Les trios déclinaisons qui suivent la version dite radio sont percutantes et auront toutes leurs fans. Quant à l’album Ultra, il se compose de onze chansons qui vont soulager les angoissés du devenir de Depeche Mode, et ennuyer ceux qui l’avaient enterré pour des motifs divers. Depeche Mode connaît trop la puissance de la recherché qu’autorise la technologie aujourd’hui, pour ne pas avour parallèlement à sa carrière, suivi le son du rock et celui que les gens réclament.

Ultra est un album à part entière, qui révèle une fois encore s’il est nécessaire, l’incorrigible côté romantique de Depeche Mode. Au fur et mesure que les chansons s’enchaînent et les titres défilent, on se demande si les members du groupe n’avaient pas déjà rêvé de cet album voici dix ans. On y retrouve intacte leur volonté de se battre, la montée en puissance d’une nouvelle idée de la pop. Eux qui ont toujours eu à se justifier de n’être qu’un groupe de play-back, doivent rigoler en voyant les gens se ruer aux raves ou acheter des albums de rock sans guitare.

Martin Gore, Andy Fletcher et Dave Gahan ont encore un toit solide, car la maison Depeche Mode est loin d’être hors garantie. Tant que leurs chansons seront composées à l’ancienne et déclinéesau future immediate, ils n’ont pas à craindre les méfaits du temps, qui ont usé pour toujours leurs camarades du depart, ceux qui comme eux avaient faix le choix visionnaire d’une musique dont le support ne serait plus la guitare et le Larsen. Il est certain que le groupe peut remercier le ciel d’avour été pressenti très tôt comme un espoir prometteur de la nouvelle scène anglaise de l’époque. Si Daniel Miller, le fondateur de Mute, n’avait pas fait prevue de curiosité, Depeche Mode n’aurait pas fait la carrière qu’on lui connaît aujourd’hui. Aussi étrange que cela paraisse, le monde du rock, par esprit et par principe rebelled à tout ordre ou orthodoxie, n’accepta jamais la remise en cause du rock par des adolescents mal dans leurs peaux, pas spécialement beaux et préférant se casser la tête à l’inventer une musique plutôt que de suivre les règles établies. Depeche Mode a la dure et involontaire responsabilité d’être le dernier rampart vivant du rock contre la banalité de la musique partout et tout le temps.

En conclusion: Ultra est l’album où un group, Depeche Mode, s’exprime, joue avec le feu, se remet en cause sur la moitié des titres, et pousse Depeche Mode, les individus et le groupe, dans une spirale ascensionelle. Ça y est! Ils prennent de la vitesse, conservent leur élan… Oui!!! Ils ont double tout le monde… Musique, maintenant!

Avec le recul, on a l’impression que Kraftwerk, qui trône dans chaque page imprimée en la matière, a été le point de depart de la technopop. Ce n’est pourtant pas ce groupe qui a popularise et engrangé les benefices de cette révolution dans le rock. Dans le chantier musical que fut l’Angleterre des années quatre-vingtes, Orchestral Manoeuvre in the Dark avait déjà fait un trou dans le mur du silence, avec un single considéré comme le second depart d’une pop électronique d’où sont absentes les guitares. Dans la foulée, Brian Eno a travaillé avec un groupe, John Fox, s’est consacré à la composition a partir de synthétiseurs. New Order, avec son célèbre maxi Blue Monday, a définitivement établi la junction entre techno-pop et club.

Le rock et pop étaient alors en train de connaître une mutation profonde. Le passé ne s’est plus jamais écouté de la meme manière. Pour les nouvelles generations d’adolescents, la musique a pu s’écrire au quotidian. Lorsque Depeche Mode s’est fendu de People Are People, le groupe a franchi son premier cap. Le succès de cette chanson était basée sur l’utilisation d’un sampler, une machine du diable, totalement révolutionnaire. L’introduction de People Are People a déclenché l’intérêt de milliers de musicians en herbe, pour qui la techno-pop n’existait pas. Depeche Mode a mis au point une formule qui est toujours valuable: synthétiseurs soutenus par des samplers, dans lesquels sont charges des sons de batteries, des choeurs ou de la guitare.
 
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Aujourd’hui avec la sortie d’un novel album, Depeche Mode se trouve revenue à sa sono de base, plus de quinze ans après son départ. En effet, le groupe a fait ses débuts avec une formule classique, basse, batterie et guitares sans synthétiseur, avant de passer rapidement à la formule qui lui a ouvert la voie du succès. Lorsque le groupe a attaint le sommet de sa gloire, les tournées aux États-Unis, suives de la sortie de Violator et de Song Of Faith And Devotion, lui ont permis de commencer à introduire des choristes, des parties de guitares de plus en plus importantes. Depeche Mode est alors devenu un groupe de rock qui joue live, utilise de moins en moins de parties enregistrées, bref se comporte… comme un groupe de rock.

Parallèlement au chemin qui suit aujourd’hui Depeche Mode, la techno vit un nouvel âge, le troisième en deux décennies. Les nouveux musicians ont tout simplement samplé Depeche Mode pour leurs jolis sons de synthétiseurs, pour faire une nouvelle musique. D’un côté des gens sont à la recherché de nouvelles musiques à danser, la techno est en gestation, d’un autre toute une scène underground, à mi-chemin entre le heavy metal et la disco, met au point un pendant bruyant à la techno-pop proper et parfois un peu froide de OMD, Ultravox, Japan, Spandau Ballet ou même Depeche Mode.

Aussi, quand on annonce enfin la sortie d’un nouvel album de Depeche Mode, on se demande à quelle tendance les members du groupe ont succombé, ou bien quell machiavélisme les a tiraillé. Depuis des mois, les rumeurs courent sur la mauvaise santé, les abus, la fatigue, la lassitude, les tournées marathons, l’ennui, le stress. Puis le depart d’Alan Wilder ne fait qu’empirer les ragots. La vraie question étant en fait: que sera le son et la ligne directrice du future album de Depeche Mode? Pousseront-ils la machine dans le sens de Violator, vers plus de rock? Seront-ils tentés par un retour à la techno? Rien ne filtrait. On a pourtant fini par apprendre que Tim Simenon, un petit prince de la dance music en Angleterre, allait collaborer étroitement avec Depeche Mode. Or, Tim Simenon et son groupe Bomb The Bass ont la reputation d’être des bricoleurs, des chercheurs, des inventeurs, d’être tout ce que vous voulez, sauf des suiveurs.

Dans la longue carrière de Depeche Mode, il ne faut pas oublier que le groupe est avant tout un fabricant de single ou de maxi dont la destination finale est la piste de danse. Le concept de l’album n’a jamais été le principe du groupe. Ce n’est qu’avec Violator que Depeche Mode a conjugué efficacité et tubes. Avant de parler du nouvel album, il faut se demander si un groupe comme Depeche Mode a eu une influence sur les ventes de synthétiseurs ou de samplers. On doit pouvoir dire oui, car si la guitar fut l’instrument de predilection instinctif du rock, les musicians qui avaient des synthés étaient tous pianists de formation, et peu fonctionnaient à l’instinct. Avec la montée en puissance des premiers groupes allemands dans les années soixante-dix, quelques-uns se sont confrontés à ces nouvelles machines, mais le prix et la maintenance était trop importants.

Kraftwerk n’a pas contribute à l’émulation de nouveaux talents, car son approache était trop rigoureuse. Par contre, lorsque Depeche Mode et d’autres ont fait leur apparition, ils donnaient une vision de leurs groupes, ils présentaient une attitude rock sans guitare, mais accessible à tous les adolescents du monde occidental. Le tour de force qu’a réussi Depeche Mode alors que les critiques fusaient de toutes parts, fut d’être immédiatement credible sur scène. Ce que la presse n’avait pas compris, c’est que dans l’après punk, la musique était redevenue un element de plaisir, qu’elle participait de l’environnement sonore des gens. Les années quatre-vingts ont été celles de l’explosion de la demande de musique nouvelle fraîche, de sa diffusion partout et en permanence.

Depeche Mode a vécu ce phénomène, notamment en France lors de son passage à Bercy. Le groupe fut programme et déprogrammé de trios salles différentes en quinze jours. La demande était telle, qu’ils passèrent de l’Eldorado à l’Olympia, pour atterrir finalement à Bercy, le tout en deux semaines. La preuve que le groupe convenait à des milliers de gens, qui se posaient la question de savoir si Depeche Mode serait bon sur scène. Ce que ces gens voulaient se résumait à être ensemble pour écouter du Depeche Mode à fond la sono. Que la musique fut principalement enregistrée rendait le son excellent. En cela, les generations qui avaient connu le rock d’avant ne pouvaient pas critiquer la qualité du son. Depeche Mode était à une charnière et négocia alors, certainement involontairement, son passage vers le futur.
 

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Description: Avril 1997, mensuel gratuit de fnac
Pays: France
 

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